Le rappeur Freeze Corleone interdit de concert aux Eurockéennes de Belfort

Décision de justice
Passer la navigation de l'article pour arriver après Passer la navigation de l'article pour arriver avant
Passer le partage de l'article pour arriver après
Passer le partage de l'article pour arriver avant

Pour le juge des référés, l’interdiction par le préfet du concert de Freeze Corleone aux Eurockéennes de Belfort ne porte pas une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales, en particulier celle d’expression des requérants

Par arrêté du 1er juillet 2025, le préfet du Territoire de Belfort a décidé d’interdire le concert du rappeur Freeze Corleone programmé le dimanche 6 juillet 2025 au festival des Eurockéennes de Belfort.

Le chanteur et l’association Territoire de Musiques, organisatrice du festival, ont saisi le tribunal administratif selon la procédure d’urgence prévue à l’article L. 521-2 du code de justice administrative, permettant de protéger les libertés fondamentales.

Pour interdire ce concert, le préfet du Territoire de Belfort a retenu le risque de troubles majeurs à l’ordre public. Il a rappelé que nombre de titres du rappeur contiennent des propos complotistes, ouvertement antisémites et empreints d’une admiration pour la personne d’Adolf Hitler et le IIIème Reich, et que l’ensemble des paroles des chansons du rappeur incitent sciemment à la haine ou à la discrimination contre des personnes explicitement identifiées. Le préfet justifie également sa décision par le contexte géopolitique, particulièrement tendu faisant craindre que de tels propos n’engendrent des réactions violentes et des débordements parmi les festivaliers.

Le chanteur et les organisateurs invoquaient l’atteinte grave et manifestement illégale portée par cette interdiction à la liberté d’expression et de libre communication des idées, la liberté de réunion, d’entreprendre et d’accès aux œuvres culturelles et, pour l’association, à la liberté de programmation des organisateurs d’évènements culturels.

Dans la présente affaire, le juge des référés du tribunal a estimé, en se fondant sur le contenu des chansons prévues au concert du dimanche 6 juillet prochain, que ces textes font effectivement l’apologie du nazisme ou du racisme et comportent une incitation à la haine, la violence ou la discrimination contre des groupes de personnes identifiés. Il a considéré que même si les débordements sont susceptibles d’être maîtrisés par les forces de l’ordre et le service d’ordre des organisateurs, le trouble immatériel à l’ordre public occasionné par les paroles du rappeur Freeze Corleone est tel qu’il suffit à écarter toute atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales invoquées.

Le juge des référés a donc refusé de faire droit au recours de Freeze Corleone et de l’association Territoire de Musiques et confirmé l’interdiction du concert prévu le dimanche 6 juillet 2025.

 

 

Décisions n° 2501314 et 2501321 du 3 juillet 2025